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«Monsieur, – me dit-il assez haut, – vous n’avez point voulu parler sur cette affaire quand on vous en priait: ainsi, à présent, vous feriez mieux de vous taire». Je lui répliquai que ce ne serait jamais lui qui pourrait m’imposer silence. Après le dîner je lui dis: «Vous m’avez tenu un propos offensant, parce que votre emportement vous a ôté toute réflexion. Vous avez dix ans de plus que moi. Votre réputation est faite et trop faite par vingt combats; la mienne ne fait que s’établir. Vous sentez qu’il me faut une satisfaction; – et il en est de deux genres: vous pouvez tout finir, si vous le voulez, en disant devant nos convives, qui sont tous vos amis, que vous vous réprochez votre vivacité, n’ayant eu aucune intention de m’offenser; si je n’obtiens pas cette satisfaction, vous savez qu’il m’en faudra une autre»; – Je n’en ai point à vous donner. «Eh bien, demain à sept heures du matin, j’irai chez vous pour vous demander raison d’une si étrange conduite».